Ode à la ROUILLE …. Marianne Anselin
bijoux de Marianne ANSELIN
Il y a eu cette exposition à l’Espace Solidor de Cagnes sur mer « Marianne Anselin, en chemin …. avec la complicité de Gilles Jonemann » (oct 2009-janv 2010) ………….
« Gilles Jonemann , créateur bijoutier, a exposé à l’Espace Solidor en 2000. Nommé Maître d’Art en 2004 par le Ministère de la Culture, il parcourt le monde depuis 25 ans, mandaté pour des programmes de développement de la création d’objets. Le titre de « Maître d’Art » est une distinction honorifique à vie, l’équivalent des «Trésors vivants» japonais. Chaque maître d’art s’engage à transmettre son savoir faire exceptionnel, son expérience et ses connaissances à un élève pendant trois ans. En 2005, il rencontre Marianne Anselin et c’est avec elle qu’il décide de travailler. Cette exposition est intéressante, car elle mettra en évidence les travaux du maître et de l’élève, notamment avec deux bijoux de Gilles Jonemann que comporte le fonds permanent de la Ville.
Tout commence dehors : Marianne Anselin est fille de l’univers, sa mère naturelle est la Terre; certes, elle a un atelier, mais son cabinet de travail est en plein air. Elle sait trouver dans l’art de la marche son parcours intime. Par ce rituel, ce rythme répété, elle entre en communication avec l’environnement, s’y fond pour s’y retrouver. Marcher lui est essentiel pour rencontrer le monde. S’envolent alors les idées diffuses, car la nature lui offre la clarté, nourrit son processus créatif et son rapport à la vie. Le pas développe son acuité aux vibrations profondes et esthétiques du monde; elle y glane son émerveillement dans les éléments fragiles et les structures « en désordre si bien ordré », les cycles en spirales apparemment immuables, la mémoire du temps insculpée dans une éphémère dureté. Un à un, ils deviennent ses parures, en une prégnance à peine visible. Devant le colosse qu’est la nature, elle voit les pieds d’argile. C’est dans ce qui s’oppose qu’elle se pose.
De l’oeuvre à la femme, foisonnent les paradoxes. Pourquoi choisir le bijou ? Par affection pour les petits objets, un rapport de proportion fondé sur la taille de l’artiste; toutefois ses perles sont surdimensionnées et ses sautoirs volumineux. Son outil de prédilection est la forge dont le sésame est plus traditionnellement dans les fortes carrures. La matière qu’elle affectionne aujourd’hui, vielles cartouches, ressorts rouillés, la sécurise, même s’ils sont des déchets. Elle y voit de la beauté, voire de la préciosité, quand d’ordinaire il y a rejet. Sa timidité est dans l’air, c’est pourtant l’ambiguïté qu’elle cultive.
Éloignée des valeurs mercantiles de la joaillerie traditionnelle, Marianne place la préciosité et la rareté là où on ne les attend pas : « je les cherche dans la fragilité de la nature, dans l’action du temps en arrêtant la dégradation du fer rouillé, en utilisant des objets rebuts de notre société qui ne sont pas vides de sens mais porteurs de mémoire ». Là où certains voient imperfections, aspérités, couleurs fanées, elle perçoit comment le souffle du vent, le cliquetis de la pluie viennent à bout de l’airain, comment de l’artificiel la nature se réapproprie et fait son oeuvre. La matière est déjà en migration car « tous les éléments sont fluides. C’est une question de temps. C’est la courte durée de notre existence qui fait que nous appelons «dur» ou «mou» tel ou tel matériau. Le temps met à mal ces critères ». En intervenant, elle arrête un processus qui menait le métal à sa fin, fige l’action du temps sous la violence de sa forge et offre à porter une impalpable et pourtant bien réelle effigie du devenir, un souvenir magnifié. «
Marianne ANSELIN (FR) – sautoir ‘mécanique’ – fer rouillé, graines guatemaltèque
Marianne ANSELIN - Collier-perles enroulées en fer rouillé et argent
Marianne ANSELIN - Collier-ressorts rouillés-ligature en nylon teint
Marianne ANSELIN - collier ‘cartouches’ 2009 – Cartouches de chasseur transformées en perles, lin, acier câblé, or
Hunters cartridges reshaped into pearls, linnen twisted steel, 18ct gold
ENTRETIEN – paru dans « Ateliers d’Art » janv-Fev 2007