EXPO ‘Un peu de terre sur la peau’ – Musée des Arts Deco, Paris (FR) – 15 Mars-19 Aout 2012
Poursuivant une programmation prospective dans le domaine de la céramique contemporaine, après « Petits bouleversements au centre de la Table » en 2008 et « Circuit Céramique » en 2010, les Arts Décoratifs, en partenariat avec la Fondation d’entreprise Bernardaud, ont souhaité s’intéresser à l’utilisation que font certains artistes bijoutiers du matériau céramique. L’exposition « Un peu de terre sur la peau » a été conçue à partir d’œuvres très récentes, qui interrogent les codes ancestraux du bijou pour les projeter dans des perspectives nouvelles. Les 18 jeunes créateurs sélectionnés font souffler un vent de transgression sur ce domaine encore très attaché aux traditions. D’origine française, suisse, allemande, finlandaise, hollandaise, suédoise ou taiwanaise, ils proposent en 140 pièces marquantes leur vision iconoclaste du corps et de la parure.
Unlike traditional jewellery, the traditional craft of the goldsmith, since the 1970s contemporary jewellery has become a field of experimentation at the frontiers of art, design and the artistic crafts. In this exhibition, eighteen French, Swiss, German, Finnish, Swedish and Taiwanese, artists are proposing a new and personal vision in their work. Although some pieces were conceived in reference to the history of jewellery, they can be made with the most diverse materials, using every possible assemblage process, in function of the techniques, symbols and the culture during a given period. This exhibition, conceived by the Fondation Bernardaud, is being shown in the museum’s Contemporary Space.
The exhibition is curated by Monika Brugger.
Peter Hoogeboom, collier Spanish Collar, 1995 – Porcelaine, argent -© photo : Henni van Beek
Depuis toujours, le bijou a joué un rôle d’indicateur social, traduisant une appartenance à un groupe et intégrant l’homme dans la société, mais pouvant marquer également une volonté de différenciation, de contestation de l’ordre établi. Parure intime donc « singulière », le bijou parle de notre corps, des liens qu’il tisse avec autrui et avec l’environnement. Les bijoux n’ont pas toujours été fabriqués en or, en argent ou en pierres précieuses. Ils peuvent également être conçus avec des matériaux les plus divers et grâce à tous les assemblages possibles, en fonction des techniques, des symboles et de la culture en vigueur à une époque donnée. Depuis la réalisation de bagues sigillaires en faïence dans l’Égypte ancienne, ou d’ersatz en terre cuite dorée imitant l’or dans la Grèce et la Rome antique, la céramique a été abandonnée et oubliée pendant des siècles dans le domaine du bijou. C’est en 1773, en Angleterre, que son emploi resurgit lorsque Joshiah Wedgwood inventa une pâte de grès fin constituée de différentes strates colorées qui imitait parfaitement le jaspe, pour des bijoux aux motifs néoclassiques ou des sujets romantiques en camées. Dans l’époque contemporaine, c’est au créateur hollandais Peter Hoogeboom que l’on doit d’avoir réconcilié de la façon la plus novatrice le grès ou la porcelaine avec le bijou, à partir de 1994. A cette réapparition remarquée, fait suite l’excellente initiative de l’European Keramiek Work Centre (EKWC), situé à ‘s-Hertogenbosch aux Pays-Bas, qui a proposé à de nombreux orfèvres contemporains des résidences de trois mois, leur permettant de travailler toutes les possibilités de mise en forme de la céramique dans le domaine du bijou.
Parmi les différents matériaux céramiques disponibles, c’est la porcelaine qui a le plus souvent aujourd’hui la faveur des artistes du bijou. Qu’elle soit utilisée par modelage ou moulage, seule ou en association avec le métal, le bois ou la pierre, la porcelaine peut changer d’apparence, de couleur et de surface. Lisse et pure, à la fois fragile et de grande résistance, elle épouse toutes les formes recherchées à condition d’en maîtriser les techniques et les contraintes, particulièrement celle liée à sa forte rétraction lors de la cuisson. Encore largement liée dans notre imaginaire aux arts de la table ou à la froideur technologique du matériel scientifique, la porcelaine peut aussi devenir un objet de désir, un déclencheur de sensations visuelles et physiques, lorsqu’elle est transformée en bijoux, en s’adaptant parfaitement aux exigences conceptuelles et poétiques des créateurs d’aujourd’hui. La preuve en est faite avec un peu de terre sur la peau…
Le projet Un peu de terre sur la peau… a été initié par la Fondation d’entreprise Bernardaud : l’exposition a été présentée à Limoges du 16 juin au 16 octobre 2010, puis a voyagé au Museum of Arts and Design à New York (USA), du 15 mars au 4 septembre 2011) et au New Taipei City Yingge Ceramics Museum à Taipei (Taïwan), du 30 décembre 2011 au 5 février 2012.
Participating artists:
Yasar Aydin, Sweden | Carole Deltenre, France | Willemijn de Greef, The Netherlands | Andi Gut, Switzerland | Gésine Hackenberg, Germany | Peter Hoogeboom, The Netherlands | Rian de Jong, The Netherlands | Manon van Kouswijk, The Netherlands | Natalie Luder, Switzerland | Evert Nijland, The Netherlands | Ted Noten, The Netherlands | Marie Pendariès, France | Katja Prins, The Netherlands | Tiina Rajakallio, Finland | Terhi Tolvanen, Finland | Luzia Vogt, Switzerland | Shu-lin Wu, Taïwan | Christoph Zellweger, Switzerland.
Marie Pendariès – La Dot – 2008 – porcelaine
Shu-Lin Wu, boucle d’oreille Girandole-Mokume # 2, 2010 – Porcelaine, argent -© photo : Hsiao-Yin Chao
Manon van Kouswijk, ensemble de colliers modelés avec les doigts – Perles d’artiste, 2009 – Porcelaine – © Ute Eiesnreich
Musée des Arts Décoratifs – galerie d’Actualité
107, rue de Rivoli
75001 Paris
Tél. : 01 44 55 57 50