Arts décoratifs – Collections – Parcours – Galerie des bijoux
Période contemporaine
À partir des années 1960 les créateurs modifient de façon spectaculaire l’usage des matériaux de la bijouterie traditionnelle. À l’étranger, plus encore qu’en France, certains cherchent à dépasser l’idée qu’un bijou puisse être seulement signe de richesse. L’Anglais David Watkins, le Néerlandais Onno Boekhoudt, le Suisse Christoph Zellwegger, la Norvégienne Tone Vigeland, pour ne citer que quelques-uns des artistes de la collection, travaillent volontairement sur des matériaux pauvres et proposent un nouveau rapport au corps. Traitant l’argent comme une dentelle, le torque Mains de la Néerlandaise Jacomijn van der Donck est caractéristique du bijou mi-parure mi-vêtement. Les étonnantes écharpes en papier bonbon ou pellicule photographique de la Suisse Verena Sieber Fuchs jouent plus encore de la confusion entre vêtement et ornement. En Italie, en revanche, le travail de l’or garde tout son prestige. Une école située à Padoue (Le Arti Orafe) a notamment formé, depuis les années 1970, des créateurs remarquables qui travaillent essentiellement la matière précieuse tout en jouant sur les textures et en affirmant l’omniprésence de la géométrie. Le musée possède des œuvres de Francesco Pavan, Giampaolo Babetto et Annamaria Zanella.
Jacomijn VAN DER DONK, collier-col mains – 1994 -argent
Sur la scène internationale, la France s’illustre depuis les années 1970 par le renouvellement des matériaux sans mettre totalement de côté le travail des matières précieuses. Grande créatrice de bijou de ces années, Costanza utilise indifféremment or et altuglas pour de spectaculaires bagues ou pectoraux. Henri Gargat défend également les matières non conventionnelles, même si sa formation traditionnelle lui a laissé le goût des matériaux nobles qu’il glisse toujours subtilement dans ses bijoux, comme en témoigne le bracelet du musée, pièce en aluminium articulée grâce à des vis en or. Afin de faire sortir le bijou de son carcan traditionnel de préciosité, Jean Dinh Van puise ses sources dans le quotidien (pendentif Lame de rasoir) et dans certaines civilisations (pendentif Pi). Gilles Jonemann utilise ardoise, bois, plastique ou graines en y ajoutant toujours une note précieuse. Un collier en écailles de poisson et or, un autre en galets montés sur fil de pêche ainsi qu’une bague en graine de Ségou et argent illustrent cette tendance. Le travail sur la matière reste au centre des recherches : Claude et Françoise Chavent avec leurs étonnants effets de volume, Cathy Chotard avec ses accumulations de minuscules pastilles de métal, Monika Brugger avec son métal repercé.
Claude et Françoise CHAVENT – collier pavés
Cathy Chotard – Collier (2007), or 750 18 carats de 16 grammes, fil synthétique «siglon». 20 cm de diamètre
Gilles Jonemann
Dans une veine totalement différente, les bijoux de Claude Lalanne utilisent ses deux techniques favorites : empreinte et galvanoplastie. Moulant tout ce qui l’inspire, elle reprend dans son collier Lèvres les audacieux moulages de seins qu’Yves Saint Laurent avait choisis pour ses défilés en 1969 tandis que son collier Ronces est étonnamment agressif pour un bijou.
Tout en restant à l’écart des grandes maisons de joaillerie, Jean Vendôme a aussi su mettre admirablement en valeur le travail des pierres. Sa bague Ferret, articulée sur la main, témoigne de ses recherches sur la mobilité du bijou.
Ces dernières années, la joaillerie a connu un nouveau souffle. Les œuvres récentes de JAR, Cartier, Boucheron, Chanel, Van Cleef et Arpels, Lorenz Baümer et Solange Azagury Partridge témoignent de ce renouvellement. L’importance de la couleur dans la joaillerie contemporaine est particulièrement évidente dans ces pièces qui puisent leur inspiration à des sources très diverses. Le bracelet de JAR est exemplaire de la liberté d’expression de son créateur qui privilégie couleur, mouvement et emploi d’une grande variété de matériaux. Les références aux collections lointaines, qui ont toujours été si importantes chez Cartier, trouvent dans des collections récentes comme Baiser du dragon une nouvelle expression. Deux jeunes créateurs de joaillerie, Solange Azagury Partridge et Lorenz Baümer, ne se laissent pas enfermer dans des thèmes traditionnels : la bague Days of the week de la première et le bracelet Légumes du second sont emblématiques de leur humour associé à la perfection et à la rigueur.
Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli
75001 Paris
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du mardi au dimanche de 11h à 18h – dernier billet vendu à 17h30
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fermés le lundi.
Département Art nouveau, art déco, bijoux
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BOOK : La Collection de bijoux du musée des Arts décoratifs à Paris
36 pp, 106 ill. – broché
Edns Les Arts Décoratifs, 2004
Distribution Vilo
20€ – commande possible à commandes-editions@lesartsdecoratifs.fr