De septembre 2013 à mars 2014
(neckpiece Marion Delarue Creation grant from the CEAAC for the production of Korean natural lacquer pieces)
vernissage le 19 septembre
L’exposition se présente comme un circuit dans les collections permanentes du musée. Soixante-dix bijoutiers et orfèvres-plasticiens sont invités à présenter leurs créations les plus récentes au regard des œuvres du Moyen-Age / Renaissance, XVIIe / XVIIIe siècle, XIXe Siècle, Art nouveau/ Art déco, Moderne et Contemporain, ainsi que dans la galerie d’actualité et dans la galerie des bijoux. Comment se renouvelle le rôle de la parure aujourd’hui ? C’est la recherche plastique, l’audace formelle, l’aspect spectaculaire, la justesse dans la façon « d’interroger » le corps contemporain et de pointer les nouveaux comportements sociaux qui primera dans cette exposition-parcours du bijou en France.
Liste des créateurs invités dans le projet «Dans la ligne de mire» :
* Créateurs indépendants
Marianne Anselin — Brune Boyer — Frédéric Braham — Christophe Burger — Monika Brugger — Faust Cardinali — Taher Chemirik — Cathy Chotard — Cathy Coez — Florence Croisier — Marion Delarue — Eric de Gésincourt — Marie-Aimée Grimaldi — Joanne Grimonprez — Sophie Hanagarth — Elie Hirsch Buchwald — Marie Masson — Evelie Mouila — Gilles Jonemann — Emmanuel Lacoste — Catherine Le Gal — Florence Lehmann — Patricia Lemaire — Benjamin Lignel — Géraldine Luttenbächer — Christophe Marguier — Aude Medori — Astrid Meyer — Julia Moroge — Jean-François Pereña — Galatée Pestre — Agathe Saint-Girons — Annie Sibert — Maud Traon — Patrick Veillet — Laurence Verdier — Claire Wolfstirn — Nelly Zagury
* Installations spécifiques
Arik Levy — Gaelle Chotard — David Roux-Fouillet — Aoi Kotsuhiroi — Alexandre Keller — Elene Usdin
* Bijoux de couture et métiers de la parure
Maison Chanel (avec les contributions des ateliers Lesage, Desrues, Goossens, Guillet, Lemarié, Gouvernel) — Maison Lanvin — Erik Halley — Annabelle d’Huart (avec la Manufacture nationale de Sèvres) — Aurélie Lanoiselée — Camille Lescure — Mouton Collet — Aude Tahon — Natalia Brilli
* Haute-bijouterie et haute-joaillerie
Maison Hermès (par Pierre Hardy) — Maison Boucheron (par Shaun Leane) — Victoire de Castellane pour Dior Joaillerie
Emmanuel Lacoste – Bijou « de langue » en or fin, clin d’œil au dicton « la parole est d’or »
Gilles Jonemann – collier créé pour l’exposition - ampoules de verre taillées, ressorts, pièces de jouet
Brune Boyer – Pendentif « aîtres » Cuivre
Patricia Lemaire – » POINT DE MIRE » – 2004 objet de déambulation maillechort, laiton – modèle Miyuki Koshimizu – photo François Kraemer
masque d’Erik Halley
Natalia Brilli – quand tout objet de désir se recouvre d’un cuir doux comme une peau de bébé ….
L’exposition « Dans la ligne de mire » propose un panorama inédit de la création française actuelle dans le domaine du bijou. Déployées au sein des collections permanentes du musée des Arts décoratifs plus de 600 pièces vont témoigner du rôle de la parure aujourd’hui, Des recherches plastiques, de l’audace formelle, de la justesse dans la façon d’interroger le corps contemporain et de pointer les nouveaux comportements sociaux. 55 créateurs de bijoux contemporains indépendants, sont ainsi invites à présenter leurs œuvres les plus récentes dans une scénographie des designers anonymes ponctuée de photographies, de vidéos, de clips d’artistes, de documentaires, de défilés ou campagnes de communication publicitaires.
Il a semblé important de mettre à l’honneur aujourd’hui aux Arts Décoratifs une cinquantaine de talents, émergents ou confirmés, afin de mieux faire connaître les expérimentations, tant au niveau des matières que des formes, menées par ces bijoutiers et orfèvres-plasticiens. Ceux-ci cherchent à inclure le domaine du bijou dans le champ de l’art contemporain, comme une pratique conceptuelle à part entière. Cette volonté les amène à rompre avec les conventions du bijou classique. Formés dans des écoles d’art, ils nourrissent une réflexion personnelle et critique, où l’observation des mutations dans les codes sociaux, les questions de valeur, de statut social, de destination, de genre, d’intimité, va prendre le pas sur les impératifs purement commerciaux ou la simple notion d’accessoire.
Les bijoutiers contemporains sont ceux que le public connaît le moins bien, ces derniers produisant essentiellement des pièces uniques, réalisées entièrement à la main, exposées seulement dans quelques galeries spécialisées, dans des musées d’arts appliqués ou d’art contemporain, en l’absence d’un appareil critique adapté et d’une couverture médiatique efficace. Ces créateurs consacrent toute leur vie artistique au domaine du bijou… Ainsi, leur production se démarque de celle qu’on englobe habituellement sous la dénomination « bijoux d’artistes », ces termes concernant des sculpteurs ou peintres souvent de grand renom, ayant dessiné ponctuellement des bijoux. Il en est de même pour les bijoux de designer qui jamais ne creusent aussi intimement et sur le long terme un vocabulaire personnel autour des multiples références historiques et symboliques du bijou.
« Dans la ligne de mire » consacre également une large place à des créateurs liés au domaine du bijou de couture et de mode, activité fondamentale dans l’histoire des industries du luxe en France, qui constitue un creuset de créativité et d’innovation sans équivalent hors de France. Cet apport original de la création hexagonale dans le domaine élargi de la parure (accessoires, broderies…) est représenté tant par des ateliers semi-industriels de haute-technicité que par des artisans travaillant seuls, qui savent transmettre avec virtuosité des savoir-faire traditionnels rares, complétés par l’apport de nouvelles technologies, au service d’expérimentations incessantes.
Ces deux domaines, l’un délibérément conceptuel et l’autre conçu comme un art appliqué, sont habituellement assez distanciés, leurs acteurs ne se croisant que rarement dans les mêmes lieux d’expositions. « Dans la ligne de mire » est l’occasion de montrer que ces scènes parallèles convergent dans un même imaginaire de la métamorphose complète du corps, liées par un idéal de réinvention perpétuelle des approches techniques, mues par des défis esthétiques visant pareillement à émerveiller, intriguer, voire choquer… Dans tous les cas, c’est la diversité des matériaux pauvres ou riches, la signification symbolique et le parti pris spectaculaire des œuvres qui priment alors.
Enfin, trois maisons de haute bijouterie ou de haute joaillerie ont été sollicitées pour la qualité d’innovation et de renouvellement des codes traditionnels de la joaillerie qu’elles ont su engager, grâce à une collaboration avec des créateurs. La maison Boucheron, dans le cadre d’une contribution exceptionnelle, a rencontré l’anglais Shaun Leane. La maison Hermès développe quant à elle le concept de haute-bijouterie, imaginé par le designer Pierre Hardy. Enfin, chez Dior Joaillerie, avec le travail iconoclaste et fantaisiste de Victoire de Castellane.
« Dans la ligne de mire » a été conçue comme un parcours de créations originales, disséminées dans l’ensemble des salles du musée, placées dans les vitrines au sein des objets, du mobilier et des period-rooms qui constituent les différents départements chronologiques, du Moyen Age à la période contemporaine. Les bijoux entrent ainsi en résonance avec le vaste répertoire ornemental des arts décoratifs : ils seront regardés avec plus d’acuité que s’ils avaient été présentés dans une salle vide uniquement réservée à leur intention. Quelques projets, hors-norme au regard de leur taille ou de leurs matériaux non précieux, sont présentés hors vitrines. Ces installations surprennent le visiteur par un rapport d’échelle et d’espace inattendu dans ce domaine du bijou. Certaines salles sont réinvesties par des artistes associant habituellement le bijou à un scénario (image ou texte) avec des propositions spécifiques mêlant bijoux, vidéos ou photographies.
Pour compléter le parcours, un projet intitulé «Bijoux de parade / Bijoux de combat», déployé à la manière d’un tableau vivant, prend place dans la Galerie d’Actualité du département contemporain. On y retrouve certains artistes déjà présents dans d’autres endroits du parcours, avec des créations inspirées par l’armure, l’uniforme militaire ou le camouflage, imprégnées d’une certaine violence liée à l’affirmation d’un pouvoir. Elles abordent en outre l’actuelle vogue des modifications volontaires de la surface du corps, piercing, tatouage, scarification.
Enfin, plusieurs interventions du designer Arik Levy, inspiré de son précédent projet Crystal Palace pour Swarovski, en particulier de grandes sculptures-cages et des agrandissements photographiques évoquant la taille du diamant, jalonnent également ce parcours du bijou contemporain au sein du musée.
Shaun Leane (when working for Alexander McQueen)- tribal origins / hooped necklaces
Évelie Mouila – pieces that explore the sensation of wearing jewellery.
Le catalogue
« Dans la ligne de mire, scène du bijou contemporain en France »
Publié sous la direction de Frédéric Bodet, conservateur à la Cité de la Céramique à Sèvres. Spécialiste dans les domaines de la céramique, du bijou et de l’orfèvrerie, il a été commissaire de plusieurs expositions aux Arts Décoratifs et de nombreux projets dans le cadre de la Fondation Bernardeau et directeur artistique de la Nouvelle Biennale de Châteauroux en 2005 et commissaire associé de Céramique Fiction au musée des Beaux-Arts de Rouen en 2006. Il a entre autres dirigé le livre Circuit céramique (Les Arts Décoratifs, 2010) et contribué à l’ouvrage Céramiques XXe siècle (Les Arts Décoratifs, 2007)
Textes
Michèle Heuzé, historienne du bijou, gemmologue, auteur de Dior joaillerie (2012)
Karine Lacquemant, assistante de conservation aux Arts Décoratifs, département Moderne et Contemporain
Benjamin Lignel, créateur de bijoux, designer, plasticien, critique
Editions Les Arts Décoratifs
192 pages, 150 illustrations
Prix : 39 €