Janus Gallery - « la mort vous va si bien »
Mort et Bijou, deux compères qui marchent main dans la main depuis la nuit des temps. Memento mori, vanités, bijoux de deuil, bijoux funéraires de toute sorte et plus récemment crânes os et squelettes avec ou sans intention particulière derrière, ont toujours peuplé le monde de la parure.
Janus Gallery s’est demandé comment les bijoutiers contemporains interpréteraient ce thème, et plus particulièrement comment ils approcheraient l’idée séduisante et dérangeante de « la mort vous va si bien ».
Pour le découvrir, Janus Gallery a invité plus de 120 bijoutiers contemporains du monde entier à participer à un concours-exposition sur le thème « la mort vous va si bien »
21 artistes ont été au final retenus pour faire partie de cette exposition, et cette lourde tâche que de les choisir a été dévolue a un jury d’exception.Composé de 7 membres, et présidé par Mme Carole Guinard. Il se compose par ordre alphabétique de:
• Mme Elizabeth Fischer, responsable Design Bijou et Accessoires, HEAD – Genève
• Mme Thérèsa Flury fondatrice du Club des Pies, un club dédié aux amateurs de bijoux,
• Mme Florence Grivel, historienne de l’art,
• Mme Carole Guinard, bijoutière contemporaine, scénographe au mudac, chargée de la collection de la confédération(collection de bijoux de la confédération helvétique), présidente du jury La Mort vous va si bien,
• M Vincent Lieber, conservateur du Musée Hstorique et des Porcelaines de Nyon,
• M Denis Pernet, curateur indépendant, directeur de La Nuit des Musées (Lausanne) et
• Mme Ilinca Vlad, galeriste chez Janus Gallery.
Nous nous réjouissons de vous faire découvrir cet univers étrange et fascinant dès le 1er novembre 2014.
artistes participants : Sylvie Godel — Katheryn Leopoldseder – Sophie Bouduban — Monica Wickström – Aurélie Dellasanta — Kiko Gianocca — Jessica Andersen – Cathy Chotard — Eero Lintusaari — Tiffany Rowe – Nils Schmalenbach — Constanze Schreiber – Ambroise Degenève — Florie Dupont — Tuija Hietanen — Sarrah Kacem — Aude Medori — Lucile Burnier — Marianne Anselin — Diana Dudek – Emeline Fichot
Katherine Leopoldseder – Fearfully and Wonderfully Made (Psalm 139) Lung Necklace, 2010 Cigarette filters, oxidized copper, Sterling silver, fresh water pearls, silk
Tiffany Rowe - OFF WITH HER HEAD! necklace Vinyl, acrylic, ribbon. For this statement necklace I was largely inspired by the notion of decapitation and blood
Aurélie Dellasanta – SKELETONS, work 2007-2009
Sylvie Godel « Lots of bones » sculpture portable, bijou sculpture – porcelaine
Constanze Schreiber – Bracelet n. t. 2007 9 x 8 x 4,5cm Fine silver, electroformed
behind me
dips eternity
before me
immortality myself
the term between.
poem by Emily Dickinson
Ambroise Degenève – MEMENTO MORI bracelet feuilles d’or, plâtre, os, or jaune, 2014 Sous un certain angle, un simple cercle d’or, figure hautement symbolique. Le port de la pièce est nécessaire pour éprouver son lent processus d’usure. image d’une vie périssable.
Marianne Anselin «28 janvier 2011» – bague en feuille du Costa-Rica, résine, argent, 2011. - Arrêter le processus de dégradation naturel d’une feuille en la ramassant.
Florie Dupont – THE REMAINS COLLECTION – Bague, argent plaqué or rose, cuir, silicone, perle, 2014
Fondée sur une étude délicate et sensuelle de la peau et des surfaces lors d’un stage au Musée d’Histoire Naturelle de Genève à l’atelier de taxidermie, THE REMAINS COLLECTION questionne la beauté de la mort à travers les notions de fonction, d’ornementation et de préciosité. Fondée sur une étude délicate et sensuelle de la peau et des surfaces lors d’un stage au Musée d’Histoire Naturelle de Genève à l’atelier de taxidermie, THE REMAINS COLLECTION questionne la beauté de la mort à travers les notions de fonction, d’ornementation et de préciosité.
Sarrah Kacem (CH) QUE TOMBENT LES PAILLETTES Pièce unique – Sautoir fait de paillettes et de chaînes facettées en acier – Ecrin en bois – 2013 Dimensions (cm) – Sautoir 105 x 31 x 8 – Ecrin 90 x 18
« La paillette évoque généralement une ambiance festive et gaie célébrant la joie de vivre. Lorsqu’elle a une durée de vie limitée tout comme le confetti, elle devient éphémère. Jetée dans l’air, sa trajectoire se termine en jonchant le sol. La paillette abandonnée se meurt et tombe dans l’oubli marquant ainsi la fin des festivités. Seul l’éclat lumineux de sa couleur persiste et chatoie. L’assemblage des paillettes permet de capter les reflets de couleur scintillante de cet instant. Mon défi a été de mettre en valeur et d’apporter de la profondeur à ce matériau souvent considéré comme léger et futile. Par la conception d’un sautoir imposant, je place la paillette au rang d’un élément de parure. »
Sarrah Kacem (CH) QUE TOMBENT LES PAILLETTES – détail
Aude Medori - LA MORT AUX DOIGTS bague poison (2009) argent, ressort acier, seringue, coton 43mm/57mm / 20mm ©photo : Claire Pathé
« J’ai réalisé La mort aux doigts en 2009, c’est une de mes pièces de diplôme. J’avais alors choisi de travailler sur le thème de la liberté et des limites qui la définissent, en prenant un axe philosophique. Pour ce faire, j’abordais des questions existentielles telles que : la conscience, le corps, l’espace, le temps, l’autre, les autres, en revisitant des bijoux historiques. Cette pièce correspond en l’occurrence à la question de la liberté face au temps, autrement dit : la question du suicide. Inspirée par la relecture du « Mythe de Sisyphe » de Camus et par les nombreux débats sur l’euthanasie qui avaient lieu en France à ce moment là, je revisitais la bague poison en une bague attelle, proche formellement d’un objet médical. Le geste victorieux (le V si symbolique de l’index et du majeur) permet au système sur ressort de libérer le fatal curare. A manipuler avec précaution… »
Aude Medori - LA MORT AUX DOIGTS bague poison (2009) argent, ressort acier, seringue, coton 43mm/57mm / 20mm ©photo : Claire Pathé
La Commune de Montreux et Janus Gallery ont le plaisir de vous annoncer le nom du premier vainqueur de ce concours. Il s’agit de Mme Lucile Burnier, jeune bijoutière contemporaine suisse (1989), issue de la HEAD, qui poursuit actuellement ses études à l’ECAL. Son oeuvre puissante NON CONSIGNÉ sort des sentiers battus, traitant non de la mort individuelle mais de celle collective, par le biais de la mort industrielle. Ses deux colliers, qui faisaient à l’origine partie de son travail de Bachelor, ont surpris les membres du jury par leur maturité, leur puissance leur beauté formelle et leur côté iconoclaste.
Lucile Burnier - « NON CONSIGNÉ » est une collection de bijoux sur la mort industrielle européenne – Matériaux : Verre de bouteille bière / vin Coton Porcelaine Bois Vinyl Packaging : Bois
« NON CONSIGNÉ est une collection de bijoux sur la mort industrielle européenne. Elle est un regard sur notre société qui semble impuissante et indifférente face à cette situation. Au début de mon travail de Bachelor, j’ai été marquée par les évènements qui se déroulaient sur le site sidérurgique de Florange en France. Les conséquences de la mondialisation économique font que l’Industrie européenne est en crise. Elle subit des fermetures, des délocalisations et semble être condamnée à disparaître malgré la ferveur de ses ouvriers qui se battent, corps et âme, pour la préserver. Elle laisse des régions en zone sinistrée, aux paysages industriels en friche et un savoir faire en péril.
J’ai commencé mes recherches par réaliser des illustrations en sérigraphie de ces paysages, à partir de photographies de hauts fourneaux de Berndt et Hilla Becher. J’ai ensuite joué avec les codes, les formes et les matériaux de l’industrie. Je me suis intéressée au rebut comme les bouteilles de bière, contenant en verre banal dont la beauté des formes indiffère. Je les ai coupées et réassemblées ce qui a créé une nouvelle esthétique. De même, par un changement de matériaux, des tuyaux en PVC deviennent précieux et séduisant en porcelaine. Au final, les différents éléments ont été assemblés entre eux par un travail sur les noeuds.
Ma collection, aux pièces imposantes, est un cri face à l’indifférence et l’impuissance. L’orange fluo symbolise cette menace. Les bijoux sont ensuite rangés dans des boîtes en bois inspirées des coffrets à vin, elles sont leurs cercueils.«
Lucile Burnier – non consigné – Matériaux : Verre de bouteille bière / vin Coton Porcelaine Bois Vinyl Packaging : Bois
A côté de cette oeuvre novatrice, deux autres pièces ont soulevé l’enthousiasme du jury, recevant ainsi une mention: il s’agit du collier VENEER du bijoutier contemporain suisse Kiko Gianocca (1974), et de l’installation NECKLACE OF TEARS de l’artiste contemporaine finlandaise Monica Wickström (1955). Fort différentes l’une de l’autre, ces deux oeuvres contemporaines d’une fragilité émouvantes, s’inscrivent tant dans le mouvement des vanités que dans celui des memento mori.
Kiko Gianocca – “Veneer” Neckpiece 2014 Wood veneer, balsa wood, brass, silver
« “Veneer” is my latest body of work, it is a series of neckpieces. At first glance a wooden veneer has all the attributes that resemble something dead. It has been so manipulated by man that it is only the ghost of the tree that it once was. As soon I start to work with the veneer however, even just with a little water to give it elasticity, it moves and seems to return somehow to its past life. The pieces’ irregular shapes are also partly inspired by the inkblot images used in a Rorschach test, a method of psychological evaluation. Like in these inkblot images, in my neckpieces you can find references of butterflies, flowers and other elements, symbols that remind us that beauty don’t last and life is short.
Each piece is given a unique shape informed by the grain of the wood. In this way the thin layer of veneer references it’s three-dimensional past as solid wood. Like each of us, these works are made up of different elements, each with their own identity and uniqueness. The final works have a shadow-like presence, representative of something belonging within. I like to think that the neckpiece gives the material from which its made the opportunity, through its shape and moving parts, of a second life »
Monica Wickström – NECKLACE OF TEARS, 2014 installation, 24 g, 350 x 370 x 0,55 mm 24 used single doses of eyedrops
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